Un séminaire doctoral sur la traduction d’édition

Les 25 et 26 juin 2020 se tenait le séminaire doctoral en traductologie 2019-2020 organisé par l’école doctorale 622 de l’Université de Paris 3 en collaboration avec l’Université de Montréal consacré aux aspects culturels et institutionnels de la traduction d’édition. Conséquence des mesures de confinement, le séminaire s’est tenu exceptionnellement en ligne par le biais de la plateforme ZOOM, ce qui a permis la participation d’un public particulièrement varié et cosmopolite, mêlant des professeurs d’universités, des praticiens, des étudiants, des traducteurs littéraires et des éditeurs de tous horizons : France, Canada, Brésil, Espagne, Belgique, Algérie, etc. À la fin de chaque présentation, les participants pouvaient poser des questions aux intervenants ou les formuler dans le fil de clavardage (autre nom du… chat!).
Le séminaire était géré par Claire Doquet, directrice de l’École doctorale 622 – Sciences du langage (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Isabelle Collombat (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) et Hélène Buzelin ( Université de Montréal). Soulignons leur magnifique tour de force : elles ont animé très naturellement cette large plateforme, distribué la parole et fait face à quelques aléas de connexion sans jamais perdre le sourire !

Les participants ont pu assister à des interventions de très haut niveau qui réunissaient Gisèle Sapiro (Traduire par temps de crise : les contradictions de la globalisation éditoriale), Hélène Buzelin (Aspects politiques et culturels de la traduction d’édition au Québec), Sophie Léchauguette (Le métier de traducteur d’édition), Isabelle Collombat (Traduction littéraire ou traduction d’édition : quelques clarifications),  Olivier Mannoni (De l’amateur éclairé au professionnel militant : Le traducteur littéraire du XXe au XXIe siècle), Françoise Morvan (Traduire/écrire pour les enfants) et, en particulier, Natacha Kubiak qui a abordé « L’action du Centre national du livre en faveur de la traduction  » dans une intervention dont Imane Boulkroun, doctorante en traductologie de l’Ecole doctorale N°265,  nous propose le compte-rendu qui suit.

L’action du Centre national du livre en faveur de la traduction

Natacha Kubiak est chargée du suivi des librairies francophones à l’étranger et des actions internationales du CNL (Centre national du livre) et occupe actuellement le poste d’adjointe au chef du département de la création, en tant que responsable du pôle « fiction ».
Elle est intervenue pour nous présenter les différentes aides dont peuvent bénéficier les traducteurs littéraires et les éditeurs en France ou à l’étranger.

Depuis 1946, le CNL favorise la création, l’édition, la promotion et la diffusion d’œuvres de qualité, littéraires ou scientifiques, par un soutien à l’ensemble de la chaine du livre : auteurs, traducteurs, éditeurs, libraires et organisateurs de manifestations littéraires.

Avec un budget annuel de 28 M€ (en 2018) et 22 dispositifs d’aide développés par métier, le CNL reçoit environ 3400 demandes d’aide et en octroie 2260 avec un taux de satisfaction de 65%. Le CNL accorde aussi  300 aides aux auteurs et traducteurs, 320 aux éditeurs et 195 aux revues.
En 2018, le département de la création du CNL a soutenu 1563 de projets parmi les 2400 demandes reçues, avec un budget de 9 M € ainsi répartis :
• 2,76 M € auteurs et traducteurs
• 5,44 M € éditeur
• 0,80 M € revues

Natacha Kubiak a expliqué ensuite les conditions d’éligibilité à l’aide du CNL, et a précisé que les projets doivent relever des domaines littéraires soutenus par le CNL.
En effet, le département de création est divisé en deux pôles :
1. Pôle fiction qui regroupe les BD, la littérature jeunesse, la poésie, le roman, le théâtre, la littérature étrangères, l’extraduction littérature et les résidences ;

2. Pôle non-fiction qui regroupe l’art, l’histoire et les sciences humaines et sociales (SHS), la littérature scientifique et technique, la philosophie, la littérature classique et critique littéraire, et l’extraduction sciences, et SHS.

Par ailleurs, Natacha Kubiak a expliqué l’intérêt des bourses accordées aux auteurs. Elles leur permettent de consacrer du temps pour mener à bien un projet individuel d’écriture ou d’illustration à des fins de publication. Ces bourses sont présentées comme suit :
• Bourse de découverte de 5000 € bruts ;
• Bourse de création entre 8000 et 15 000 € bruts ;
• Bourses d’année sabbatique : 30 000 € bruts.

Le CNL accorde également des bourses pour les traducteurs des langues étrangères vers le français afin qu’ils puissent consacrer du temps à un projet, à condition de présenter un contrat avec un éditeur, les montants varient entre 5000 € et 8000 € bruts, mais aussi des bourses pour les traducteurs du français vers les langues étrangères et finançant des séjours en France allant de 1 à 3 mois, avec 2000 € par mois.

Natacha Kubiak a également  bien détaillé les conditions d’éligibilité aux aides pour les éditeurs ainsi que les traducteurs. Pour bénéficier de l’aide à la publication d’ouvrage qui varie entre 40% et 60% du projet, l’éditeur doit :
• publier des ouvrages en français ;
• avoir au moins un an d’activité et 3 titres au catalogue ;
• être référencé sur une plateforme de diffusion et être diffusé et distribué en France dans un réseau stable de libraires (au moins une vingtaine) à l’échelle nationale.

Les demandes seront évaluées selon les critères suivants :
• qualité de l’ouvrage dans sa version originale ;
• pertinence de la traduction, ou, le cas échéant, de la retraduction ;
• difficulté du projet ;
• qualité de l’échantillon de la traduction ;
• politique éditoriale de l’éditeur étranger et respect, d’une façon générale, de ses engagements envers les éditeurs français ;
• risques commerciaux pris par l’éditeur et, le cas échéant, ventes des titres du même auteur précédemment traduits ;
• moment de l’à-valoir ;
• rémunération du traducteur au regard des pratiques en vigueur dans le pays du demandeur ;
• avis des services culturels de l’ambassade de France dans le pays concerné.

Pour pouvoir bénéficier des bourses aux traducteurs des langues étrangères vers le français, qui permettent de consacrer du temps pour bien mener un projet individuel et personnel de traduction de grande ampleur à des fins de publication, il faut :
• avoir traduit en français et publié dans des conditions d’édition professionnelle 1 ouvrage minimum ;
• avoir un contrat avec un éditeur (rémunération minimale à la page de 21 €) ;
• attester du temps dédié au projet si la bourse est obtenue.

Madame Kubiak a rappelé les critères d’examen à savoir :
• intérêt du projet ;
• qualité des traductions antérieures publiées par le demandeur ;
• capacité du demandeur à consacrer du temps à son projet ;
• aides publiques obtenues.

Elle a également expliqué que le paiement s’effectue en deux fois par virement sur le compte du bénéficiaire.

Le CNL soutient, par ailleurs, les organisateurs de manifestations littéraires à l’échelle nationale, à savoir : Maison de la poésie, VO-VF à Gif-sur-Yvette, Maghreb des livres, Livre Paris, Salon du livre Jeunesse, LEC à Cognac, Escales du livre à Bordeaux, Boréales à Caen, MEET à Saint-Nazaire ainsi que les Belles étrangères 10 ans plus tôt.

Il contribue au rayonnement du livre français à l’étranger par soutien direct avec les bourses aux professionnels (traducteurs, libraires, éditeurs) et soutien indirect sous forme de subventions aux associations professionnelles françaises actives à l’international (Bureau international de l’édition française BIEF, Association internationale des libraires francophones AILF, Association des traducteurs littéraires de France ATLF, Assises de la traduction littéraire Arles ATLAS).

Imane BOULKROUN

Traductrice littéraire
Assistante d’édition numérique
Doctorante en Traductologie
Laboratoires : Pluralité des Langues et des Identités et Centre de Recherches Moyen-Orient-Méditerranée
École doctorale N° 265

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