Pour l’année 2022, l’asbl TraduQtiv vous souhaite une foule de beaux projets littéraires, de traductions passionnantes et de lectures captivantes… Et si vous manquez d’inspiration lors de vos prochaines visites en librairie ou en bibliothèque, nous avons pensé à vous : des membres de l’équipe vous racontent une traduction qui les a particulièrement marquées en 2021.
ANNE C.
Odes, David Van Reybrouck, Actes Sud, 2021. Traduit du néerlandais (Belgique) par Isabelle Rosselin.

Ce livre correspond totalement à mon humeur du moment. Cela me fait du bien de grappiller dans ces pages qui célèbrent la beauté et qui vibrent d’enthousiasme. Les sujets sont divers : de la danse (Ode à Anne Teresa De Keersmaeker) à la musique (Ode à Léonard Cohen), en passant par des moments du quotidien (Ode au buffet de la gare, au vestiaire), et j’en passe. Ce livre m’incite à réfléchir à mes propres moments de bonheur, à mes souvenirs épars, me donne envie de créer mes propres odes puisées dans les émotions de ma propre vie. Je ne les lis pas dans l’ordre, mais je les choisis selon l’humeur du moment. Nous avons en commun des coups de cœur, mais ils sont à la fois légèrement différents, ancrés dans nos vies respectives. Bref, un pur plaisir de lecture qui crée des allers-retours !
ANNE V.
Le vieux qui voulait sauver le monde, Jonas Jonasson, Presses de la Cité, 2018. Traduit du suédois par Laurence Mennerich.
Voici un exemple de perle de traduction, sachant que je ne connais absolument pas le suédois et ne peux

donc me baser que sur mon ressenti en français. Ainsi, le début du roman décrit la découverte d’une tablette Apple par le héros atypique, au regard candide sur la technologie. J’y ai beaucoup aimé cette phrase : « Si on touchait certains symboles, de la musique s’élevait. ». L’on aurait pu dire « résonnait » ou « se faisait entendre ». Mais la traductrice a choisi le verbe « s’élever », tellement plus évocateur de notes montant telles des effluves vers les oreilles de son auditeur… Je soulignerai également la traduction hilarante des banderoles recouvrant les cercueils, faisant l’objet d’une exposition au milieu de l’histoire. En lisant « le ciel ne peut attendre » ou « ticket pour le paradis », on rit sans penser une seconde à la difficulté de la traduction.
La plus grande qualité d’une traduction littéraire est d’être invisible, tout en rendant justice à l’œuvre traduite. Un challenge de taille, relevé haut la main par Laurence Mennerich !
ANNE-SOPHIE

Sukkwan Island, David Vann, Gallmeister, 2010. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laura Derajinski.
Le pitch : Alaska. Une île reculée. Un père et son fils. Un roman qui prend aux tripes à mesure qu’il s’enfonce dans les brumes de la nature sauvage et humaine.
CHRISTINE
Inestimable, Zygmunt Miłoszewski, Fleuve Noir, 2021. Traduit du polonais par Kamil Barbarski.
Traducteur attitré de Miłoszewski depuis Les Impliqués (roman qui l’a fait connaître chez les amateurs de polars), Barbarski réussit à rendre toute la complexité de ce nouveau texte car rien n’est jamais simple avec Miłoszewski. Intrigue à la manière d’un immense puzzle, pistes foireuses, chausse-trappes, promenade à travers les époques et le monde, à travers l’art et la science… Le tout, parsemé d’une multitude de références à la culture, à l’époque, à la société, et épicé d’un humour omniprésent. Tout coule de source et quand on lit le roman – oups, je voulais dire la traduction – de Barbarski, on a l’impression de très bien connaître la culture et la langue polonaises ! Vraiment, le traducteur est un auteur!
LAETITIA
La maison allemande, Annette Hess, Actes Sud, 2021. Traduit de l’allemand par Stéphanie Lux.

1963. Eva, jeune interprète allemande, accepte une mission très particulière. Dans le cadre du procès de Francfort visant à juger des membres de l’administration du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz, elle est appelée à traduire les dépositions de survivants polonais. Elle découvre ainsi un passé pourtant proche mais dont elle ignorait tout, dans un pays qui ne souhaite qu’une chose : ne plus jamais évoquer les atrocités commises.
Une traduction qui nous plonge instantanément dans l’Allemagne de l’après-guerre.
Vous trouverez ces livres chez votre libraire habituel, évidemment! Sinon, commandez-les sur Librel, le site des libraires francophones indépendants de Belgique.
Ce texte est soumis à la loi sur la reproduction. Autorisation à demander à traduqtiv@gmail.com