Le Prix du livre européen (dixième édition) (1) a été attribué ce mercredi 7 décembre 2016, dans la catégorie roman à Javier Cercas pour L’imposteur (traduit de l’espagnol par Elisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic, Actes Sud) et, dans la catégorie essai, à Erri de Luca pour Le plus et le moins (traduit de l’italien par Danièle Valin, Gallimard).
- Anne Casterman, Présidente de TraduQtiv , et Javier Cercas
- Cercas entouré de ses traducteurs, Anne Casterman et Jos Den Bekker
La cérémonie s’est déroulée au Parlement européen en présence du président du comité de parrainage, Pascal Lamy, et du réalisateur franco-américain Oliver Stone qui présidait le jury composé de journalistes et de correspondants permanents à Bruxelles, issus de différents pays de l’Union européenne.
Dommage que le nom des traducteurs des romans et des essais présélectionnés ne soient pas mentionnés dans la brochure éditée pour l’occasion! Même si un vibrant hommage leur avait été rendu notamment en 2012 lors de cette même remise de prix, par Herman Van Rompuy, alors président du Conseil européen, ou par Eduardo Mendoza, lauréat dans la catégorie roman, en 2013!
Erri de Luca se déclare européiste extrémiste, il milite pour des valeurs démocratiques et écologiques. Ce grand homme d’une simplicité désarmante avait été président du jury en 2015 et la mairesse de Lampedusa avait été invitée à cette occasion. Son texte Le plus et le moins était initialement présenté dans la catégorie roman, mais c’est le prix de l’essai a lui été attribué. Ce livre, effectivement entre le récit et l’essai, doit être aussi singulier que son auteur qui a raconté l’anecdote à l’origine du titre Le plus et le moins. Lors de l’anniversaire de sa grand-mère, un de ses petits–enfants au lieu de lui souhaiter « heureux anniversaire » lui avait souhaité d’être heureuse pour « le moins » car, forcément, « le plus » était déjà derrière elle. Une petite leçon de vie glanée par ce formidable conteur d’histoires.
Javier Cercas a, lui, évoqué l’œuvre fondatrice du roman moderne écrite par Miguel de Cervantès, pétrie de vérités ironiques et paradoxales, et son personnage Don Quichotte, noble et risible, à la fois. Il a brandi ce chef d’œuvre comme le chantre avant la lettre d’une Europe métissée, moderne, antidogmatique, comme une arme de destruction massive contre les nationalismes et les totalitarismes, une œuvre jouissive qui a contribué par son héros, fou à lier et lucide, à créer une société plus démocratique et sans doute une vision utopique d’une Europe moderne car la littérature change la vision du monde. Toute l’œuvre de Cercas quant à elle ne cesse d’interroger l’Histoire en y mêlant son histoire.
Javier Cercas est presqu’un habitué de Bruxelles où il a été invité à plusieurs reprises et notamment à la Foire du livre de Bruxelles, en 2009. Ce passionné de littérature a aussi prononcé le discours d’ouverture de la saison littéraire de Passa Porta, « La vérité du vampire » que j’avais eu l’honneur et le plaisir de traduire en français tandis que Jos Den Becker le traduisait en néerlandais[2].
Anne Casterman
[1] http://www.livre-europeen.eu/
[2] http://www.passaporta.be/fr/agenda/les-presents-de-lecriture